Heureux habitants de l'Isère et des autres départements français*, je ne sais pas si certains parmi vous ont à faire, de près ou de loin, avec l'industrie textile en général et les vêtements que nous portons tous les jours en particulier, mais pour ma part, j'en suis arrivé à la conclusion que le progrès textile n'allait pas dans le sens des consommateurs.
J'ai sous les yeux une étiquette cousue à l'intérieur d'un vêtement. Elle n'indique ni son prix, ni sa taille, mais ses caractéristiques textiles. Du 100% coton au plus synthétique 100% polyesther, accompagné de pictogrammes hiéroglyphiques qui indiquent si le vêtement peut être soumis aux traitements de la machine à laver, du sèche-linge et du fer à repasser. Je ne me préoccupe pas de teindre mes vêtements, déjà se préoccuper qu'ils ne déteignent pas est suffisant. Enfin, l'étiquette conclut par un laconique Made in China, ou par tout autre variante qui indique que ce produit vous a été vendu entre vingt et cent fois plus cher que son coût de fabrication.
J'aimerais donc lancer un appel d'envergure, puisque ici tout le monde connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît quelqu'un qui peut convenir, afin d'obtenir satisfaction sur les points suivants :
- qu'un vêtement fait de toile de Nîmes et cousu de quelques surpiqûres ne soit pas vendu trente fois son prix sous prétexte qu'il y a un logo de marque cousu sur la fesse gauche;
- qu'un vêtement en coton blanc non teint soit lavable à 60°, séchable et repassable sans déformation irréversible;
- que les nouvelles fibres synthétiques qui permettent de mieux protéger du froid, qui permettent de mieux laisser respirer la peau, qui permettent de mieux faire ceci cela, aient les mêmes caractéristiques d'entretien qu'un vêtement en coton : lavable, séchable et repassable. J'accepte de descendre à 30° la température de lavage, à sécher doux et à ne pas repasser comme dans le cas d'une chemise ou d'une couverture polaire;
- que les industriels apprennent à fixer un motif sur un tissu sans agrémenter le revers du tissu de trucs en tous genres qui vont venir vous irriter la peau, pourvu qu'il s'agisse d'un sous-vêtement ou d'un T-shirt;
- que les industries du textiles et avant elles de la chimie s'accordent pour concevoir une matière textile qui permet de tisser un costume qu'on peut entretenir soi-même sans avoir affaire à un pressing.
Cette liste n'est évidemment pas exhaustive. Le temps heureux où le linge propre pousse tout seul dans les armoires n'a pas vocation à durer au-delà de l'adolescence, et quinze années d'expérience d'achat et d'entretien de mes vêtements m'ont amené à la conclusion qu'il y avait quelque chose de pourri au royaume du prêt-à-porter.
To dye or not to dye, that is the quouechtieunne.
* Je remercie Philippe Meyer pour cette excellente formule, plagiée ici sans vergogne.