Il ne reste plus qu’un francais en lice au stade des huitièmes de finale: Jo-Wilfried Tsonga, numéro un national, qualifié à “l’arrache” face au Néerlandais Thiemo De Bakker vendredi après un match en quatre sets. Il n’est pas besoin de remonter bien loin dans l’histoire pour trouver trace d’une déroute pareille.
En 2007, Marion Bartoli était la seule à avoir rallié la seconde semaine des Internationaux de France. Elle s’était fait sortir sans ménagement (6-1 6-1) par la Serbe Jelena Jankovic. En 2005, Sébastien Grosjean, qui a annoncé sa retraite et a eu droit à un petit hommage sur le Central avant le match du Serbe Novak Djokovic, était également le dernier représentant français à ce stade.
Il est étonnant de s’étonner de résultats aussi récurrents. Rappelons pour faire bonne mesure que la dernière Française finaliste fut Mary Pierce en 2005, également dernière vainqueur en date en 2000. Le dernier finaliste est Henri Leconte en 1988 et le dernier vainqueur est, bien sûr, Yannick Noah en 1983, à l’époque où on jouait encore avec des raquettes à petit tamis et cadre en bois.
C’est triste. Maintenant, il n’est pas sûr que cela soit surprenant. Marion Bartoli, sortie par l’Israélienne Shahar Peer, (7-6 6-2), tente d’offrir une explication, seulement en partie convaincante.
Les Français n’aimeraient pas trop la terre battue et préfèreraient largement les autres surfaces, le dur, voire le gazon. La raison ? La formation des jeunes joueurs se fait sur ce type de revêtements, c’est là qu’ils y acquièrent leurs premiers réflexes, leurs repères et leurs sensations de jeu.
Venir ensuite sur la brique pilée oblige à une adaptation qui s’opère plus ou moins facilement. Mais quoi qu’il en soit, il ne s’agit jamais d’un terreau sur lequel les jeunes pousses français ont grandi et se sont épanouies, contrairement aux Espagnols. “Quand on grandit, on apprend à jouer sur dur. La première fois que j’ai joué sur terre c’était aux championnats de France des moins de 16 ans“, raconte Marion Bartoli.
“Du coup, il est difficile de concurrencer les Espagnols qui ont grandi sur ce terrain. On a un Grand Chelem sur terre en France, mais la base de la formation des joueurs se fait sur dur. On n’évolue que sur dur, il ne faut pas s’étonner qu’on ait des meilleurs résultats sur cette surface. C’est là qu’entre huit et 14 ans, on acquière nos réflexes de déplacement et notre technique.“
L’argument a la vertu d’être séduisant. Il n’est pas certain qu’il soit totalement pertinent. De nombreux joueurs Français qui sont passés par le CNE (centre national d’entraînement) ont fait leurs armes sur revêtement lent. A commencer par Tsonga ou encore Gaël Monfils qui a atteint la demi-finale en 2008 et les quarts de finale en 2008, les deux fois sorti par le Suisse Roger Federer.
La bérézina de cette année s’explique certainement par d’autres motifs. Chez les filles, par le petit nombre de joueuses qui figurent parmi les 30 meilleures mondiales. “Nous ne sommes que deux à figurer dans le Top 32“, note Marion Bartoli. Soit, elle-même et Aravane Rezaï qui a été éliminée samedi par la Russe Nadia Petrova en trois sets. “De fait, la probabilité des chances que l’on soit en deuxième semaine est plus faible“, ajoute Bartoli.
Chez les garçons, on peut invoquer les ennuis physiques connus par les uns et par les autres, avec des préparations qui ont été contrariées comme pour Monfils ou Paul-Henri Mathieu. Richard Gasquet qui effectuait son retour est arrivé à court de forme. Gilles Simon était, lui, forfait. Quant à Tsonga, il a été traité pour une lombalgie il y a 15 jours et a terminé son match contre De Bakker avec des douleurs dans le bas du dos.
Le problème est donc ailleurs. Le tennis français possède des joueurs de niveau mondial, cela ne fait pas de doute. Il ne possède pas de joueurs en mesure aujourd’hui de se mêler de manière durable à des adversaires comme Djokovic ou même Andy Murray. Ils ne sont pas très loin du Top 5, mais ils ne sont pas dedans non plus. Ils sont encore dans l’antichambre de ce cercle très fermé.