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 KIPIK: prenez les devants, protégez vos arrières...

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Leprechaun
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Leprechaun


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KIPIK: prenez les devants, protégez vos arrières... Empty
MessageSujet: KIPIK: prenez les devants, protégez vos arrières...   KIPIK: prenez les devants, protégez vos arrières... EmptyDim 28 Nov 2010 - 2:16

http://fr.pokernews.com/news/2010/11/strategie-prenez-les-devants-protegez-vos-arrieres-kipik-6747.htm

Le prédateur n’est pas l’animal surpris. Il améliore ses performances en créant la surprise. Il vit sur la surprise des autres. Sur ses checks et surtout ses mises, le joueur de poker doit agir comme le prédateur. Voici quelques considérations à ce sujet. Lors d’une récente partie live, en Cercle, je me suis amusé à un petit exercice : regarder les joueurs regarder. Que regardent-ils pendant un coup ? Et comment ?

J’ai été assez surpris de constater que personne ne regardait là où il fallait. Ni comme il fallait. Impliqué ou non dans la main, c’est comme si chacun était à un spectacle dont il ne fallait pas rater une miette.

La prochaine fois que vous jouez en live, je vous invite à faire ce petit exercice. Vous verrez les visages se tourner à l’unisson pour regarder le joueur qui doit agir. Avec dans le regard cette petite exaltation qui rappelle un spectateur devant Columbo se demandant comment le nabot en imper crasseux finirait par coincer un coupable connu de tous. Aucun suspens. Aucun doute quand à la fin de l’histoire. Mais on regarde quand même avec un intérêt totalement injustifié en se demandant bien ce qu’il va pouvoir faire.

Les joueurs en live ont exactement la même attitude. Ils observent le joueur qui est en train de décider que faire. Ils attendent avec impatience et intérêt sa décision. Alors que, finalement, fondamentalement, tout le monde s’en fout !

Même si vous êtes impliqué dans le coup, et surtout si vous l’êtes, ce n’est probablement pas ce qui devrait être au centre de vos intérêts. Si l’action n’a pas été ouverte, il va checker ou miser. Si c’est ouvert, il va passer, payer ou relancer. C’est tout le suspens possible. Et une fois qu’il l’aura fait, vous en saurez autant sur ses intentions.

Si vous jouez en live, votre regard ne doit pas se porter vers la droite et le joueur qui doit agir. Mais vers la gauche et les joueurs qui agiront après vous. Comment se tiennent-ils ? Comment regardent-ils le joueur qui est en train d’agir ? Que semblent-ils espérer ?

Quand ce sera votre tour de jouer, vous saurez ce qu’a fait le joueur qui parlait avant vous. Tant pis pour le suspens. L’avoir regardé pendant qu’il décidait de la ligne à suivre n’a pas grand intérêt. Avoir observé le joueur qui parlera après vous, savoir comment il a réagi à l’apparition des cartes, à l’action du joueur précédent, sont des informations bien plus intéressantes pour décider, à votre tour, de l’action à suivre.

Jouer en caleçon ne vous empêche pas de commettre la même erreur…
Evidemment, si vous jouez seulement, ou essentiellement, sur Internet, ce genre de conseil vous fait une belle jambe. Après tout, online, nos adversaires sont des joueurs « parfaits ». Ils ne parlent jamais avant leur tour. Ils n’ont jamais la main qui se dirige instinctivement vers leurs jetons. Et vous n’en verrez jamais aucun se redresser tout à coup dans son siège quand une carte rentrant une possible quinte tombe au tournant…

Il n’existe quasiment aucun «tell» physique quand on joue sur Internet. Certes, le temps mis à réagir est parfois révélateur. Mais avec la multiplication des joueurs jouant en simultané six tables ou plus, ce genre d’information est toujours à prendre avec des pincettes. Il n’existe, en fait, aucun moyen de savoir comment réagira le joueur derrière nous (pour autant, il n’y a toujours pas, le plus souvent, d’intérêt à «observer» ce que fait le joueur avant nous).

Mise et check : les scénarios à envisager
Reste que, si vous ne pouvez pas «deviner» ce que le joueur derrière vous fera, vous pouvez l’anticiper : si vous checkez, il peut en faire autant ou miser. Et si vous misez, il peut se coucher, payer ou relancer. Ça ne fait jamais que deux ou trois scénarios à envisager.

En fait, ça en fait même moins.
Si vous misez et que votre adversaire se couche, vous n’avez absolument pas à réfléchir. Reste donc, dans tous les cas, seulement deux issues possibles.
Si vous checkez et votre adversaire en fait autant, la prochaine décision sera au tour d’enchères suivant. Si vous misez et êtes payé, même punition.
Dans l’immédiat, il ne reste donc qu’un scénario à envisager : vous checkez et votre adversaire mise. Ou vous misez et il relance.

Quelle que soit votre action à un moment donné, la seule chose à laquelle vous avez à réfléchir est ce que vous ferez face à une action agressive de votre adversaire. Ce qui, finalement, est exactement le genre d’information que vous cherchez à obtenir en live quand vous observez le joueur derrière vous plutôt que le genre avant vous : est-ce qu’il va vous donner du fil à retordre ou, au contraire, pouvez-vous jouer comme s’il n’était pas impliqué
dans la main.

On réfléchit plus à nos checks qu’à nos bets
En général, quand vous checkez, c’est avec une idée assez claire de ce que vous ferez. Votre décision peut dépendre du montant misé par votre adversaire mais, en général, vous savez à l’avance si vous allez passer, payer ou surelancer. Étonnamment, si 90% des décisions de check se font avec une idée précise de ce qu’on fera dans le cas où notre adversaire mise, on doit facilement pouvoir dire l’inverse des cas où on mise.

Le poker joué actuellement, et en particulier sur Internet, est devenu tellement agressif que miser est quasiment devenu l’action par défaut. C’est notre tour, on a la position ou l’initiative de l’action (on a relancé préflop par exemple), et, naturellement, on mise. Eh ! C’est en misant qu’on va le plus souvent valoriser nos bonnes mains. Et c’est aussi en misant qu’on va gagner avec nos mauvaises mains. Miser est l’action de base.

Donc, on mise. Et ensuite on s’interroge.

Vous vous posez trop de questions
Notre adversaire va-t-il se coucher ? Va-t-il payer ? Va-t-il relancer ? Combien ?
Réfléchir à la possibilité que notre adversaire se couche n’a aucun intérêt. S’il se couche, on a gagné, main suivante. Tant pis si on avait floppé le jeu max. Tant mieux si on avait Hauteur 4. Il se couche, on ramasse, notre cerveau peut déjà s’intéresser à la main suivante. En fait, notre cerveau devrait même s’intéresser à la main suivante dès qu’on mise puisque, de toute façon, il n’y avait rien de plus à faire et ou penser. La meilleure anticipation du fold de l’adversaire est d’avoir déjà oublié la main en cours…

S’il paie, ben voila, il a payé. Et la réflexion se reporte au tour d’enchères suivant. A la carte supplémentaire retournée par le croupier (enfin, déterminée par le RNG -Générateur de Nombres Aléatoires-, vous savez bien, cet ennemi invisible qui passe sa vie à rire virtuellement de tous les badbeats qu’il vous inflige). On peut certes réfléchir à ce qu’on fera au tour suivant, selon que telle ou telle carte vient compléter le tableau. A l’intérêt de
valoriser deux ou trois fois, et plutôt à valoriser au tournant ou à la rivière. A l’opportunité de bluffer une seconde cartouche selon qu’une bonne carte à bluffer vient. Ou à laisser tomber quand une mauvaise complète.

Mais vous pourrez tout aussi bien réfléchir à cela une fois que votre adversaire aura effectivement payé et que la carte suivante aura été révélée. Autrement dit une fois que cela sera devenue une réalité ; quand vous disposerez de tous les éléments d’information. Pour l’instant, ça reste une hypothèse lointaine et incertaine qui dépend de la décision de notre adversaire et de la carte à venir. Même si notre adversaire décide effectivement de payer, il reste 47 scénarios envisageables au turn. On peut/doit bien sûr les regrouper en termes
d’opportunités (si un troisième cœur tombe, si un As ou Roi apporte une carte au-dessus du flop, si la rivière complète une possible quinte…). Mais, même ainsi, le nombre de scénarios restera élevé. Si vous êtes capable de passer en revue l’ensemble des cas possibles à venir avant de décider de votre action actuelle, félicitations (mais vous n’avez certainement pas besoin de lire mes chroniques !).

En fait, la seule réflexion immédiate, pour laquelle vous avez tous les éléments, est ce que vous ferez si votre adversaire relance. Aucune carte supplémentaire ne viendra influencer votre réflexion. C’est là, sur le tour d’enchères actuel, dans les 15-30s à venir, qu’il faut se décider.

Or, si les joueurs savent en général ce qu’ils feront quand ils check si leur adversaire montre les dents, ils ne savent pas, en général, ce qu’ils feront quand ils misent et que le joueur derrière eux vient planter ses crocs dans leur jugulaire.

Vous vous posez les mauvaises questions

Cette différence de traitement entre devoir faire face à une mise et devoir affronter une relance est absurde quand on considère les enjeux.

Dans le cas du check, vous ferez face à une mise dont vous connaissez à peu près à l’avance le montant. Qui sera toujours modéré. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous verrez très souvent des joueurs payer dans la seconde avec des tirages. Ils savent à l’avance qu’ils vont payer la mise car ils ont un tirage. Il n’y a aucun doute dans leur cerveau sur la ligne à suivre. Celle-ci est planifiée avant le check… et la vitesse avec laquelle on paie dans ce genre de situation reste à ce jour un des « tells » les plus valables au poker, que ce soit live ou online.

Si vous misez et faites face à une relance, c’est généralement avec votre tapis en ligne de mire. Il semble donc logique de prendre le temps d’y réfléchir, non ? Rien d’anormal à ce qu’un joueur utilise son timebank dans ce genre de situation…

Cette logique oublie un détail qui n’a rien d’anecdotique : la surprise.

Si vous devez réfléchir à ce que vous devez faire quand vous faites face à une relance, c’est que vous n’avez pas anticipé cette relance. Vous venez de vous faire surprendre. Or, qui dit surprise dit stress. Notre cerveau n’aime pas les surprises. Et ne réagit pas de façon «optimale» au stress.

Si vous avez besoin d’une image, pensez simplement que le prédateur n’est pas l’animal surpris. Il améliore ses performances en créant la surprise. Il vit sur la surprise des autres. La proie doit sa survie à sa capacité à réagir à la surprise, à l’avoir anticipée. Et les ventres dodus des prédateurs sont là pour témoigner qu’une mauvaise gestion de la surprise ne fait pas que des malheureux…

Chaque fois que vous misez, vous agissez en prédateur (celui qui agit par rapport à celui qui subit). Chaque fois que vous misez sans avoir anticipé une relance adverse, le prédateur que vous pensez être se retrouve en fait dans la situation de la proie qui a de bonnes chances de finir en gigot.

Pour ajouter à l’absurde de la situation, c’est une situation dangereuse dans laquelle on se met uniquement avec des mains moyennes.

Si vous avez floppé un monstre, vous savez déjà ce que vous ferez en cas de relance. Vous n’avez peut-être pas décidé de comment vous le ferez mais vous savez que vous irez au bout du monde avec votre main. La seule question en suspens est de savoir comment optimiser votre gain (réflexion hypothétique puisque dépendant d’une action relativement peu commune : votre adversaire doit relancer et ne pas ralentir quand sa relance trouvera du répondant).

Anticiper avec une main moyenne
Si votre main est un magnifique carnaval à éclipser la réputation de Rio, vous savez aussi ce que vous ferez de votre main (à l’exception d’un coup de folie/génie, ça arrive à tout le monde).

C’est finalement quand leur main est moyenne que les joueurs savent le moins ce qu’ils feront en cas de relance. Ils ont un bout de quelque chose et misent. Quasiment par automatisme. Et se retrouvent tout surpris quand ils se retrouvent face à une relance.

Tous les ingrédients du drame sont alors réunis : pot qui gonfle, main moyenne, surprise. Vous venez alors de vous cuisiner un délicieux mélange qui, après cuisson, se terminera très/trop souvent par une perte massive de jetons (toujours ajouter une pincée d’ego avant d’enfourner) dans une situation totalement évitable. Et va souvent, en plus, se terminer avec un délicieux dessert au tilt. Parce que rien n’est plus tiltant que de s’être mis soi-même dans le caca. Et de s’y être mis simplement à cause d’une erreur de jugement absurde.

Rien n’est plus important au poker que d’anticiper.
Rien n’est plus facile non plus. De fait, on anticipe chaque fois qu’on check. On anticipe aussi assez facilement quand on paie, selon qu’on améliore ou pas sur la carte à venir (tirage), que vilain misera ou pas le tour suivant (floating). On a même une bonne idée générale de la suite quand on relance un adversaire, que ce soit avec une main qu’on relance pour valeur ou en bluff/semi-bluff.

Là où on a le plus de mal à anticiper est quand on mise. Alors même qu’on a seulement une chose à anticiper : une relance adverse.

Et c’est là que le parallèle live/online se rejoint : comme les joueurs de live observent le joueur qui est en train d’agir plutôt que les joueurs qui agiront après eux, le joueur online pense en général plus à un fold ou un call qu’à une relance adverse.

Même s’il n’y a rien à quoi réfléchir quand notre adversaire se couche.
Même s’il n’y a rien à penser dans l’immédiat quand notre adversaire paie.

La seule matière à réflexion quand on mise est ce qu’on fera si notre adversaire relance.

Avez-vous déjà vu ? Une autruche gagner au poker…
Non seulement c’est le seul scénario auquel vous devriez réfléchir parce que le seul exigeant une réponse immédiate, mais aussi parce que c’est de loin le scénario le plus dangereux (sinon le seul). Chaque fois que vous vous retrouvez surpris par une relance, sans savoir exactement quoi faire, vous vous mettez en danger. Vous augmentez les chances de prendre une mauvaise décision sous l’effet de la surprise, du stress.

Miser sans réfléchir à ce qu’on fera face à une relance revient à jouer la stratégie de l’autruche. Et, non, vous ne le verrez jamais…

(et pas la peine de me faire remarquer à quel point l’image est absurde, l’autruche ne s’enfonçant pas la tête dans le sable pour se protéger des prédateurs. Ni même n’ayant réellement de prédateur. J’en reste pour aujourd’hui à l’image d’animal stupide se «terrant» de peur)

Au lieu d’épuiser votre timebank pour décider de la suite des événements une fois surpris, indiquant par là-même clairement à votre adversaire que vous êtes dans une situation délicate et augmentant les risques de prendre une décision dans le stress et l’urgence, prenez une ou deux secondes avant de miser pour imaginer le seul scénario qui vous intéresse dans l’instant : que ferez-vous si tel ou tel adversaire relance.

En y réfléchissant avant de miser, vous éliminez le facteur surprise. Vous réduisez le stress causé par la relance (quand elle se produit… mais qui a l’air le plus con : celui qui anticipe une relance qui ne vient pas ou celui qui préfère ne rien voir venir parce que, eh! c’est stressant de toujours penser au danger!). Et vous vous mettez dans une situation optimale pour y réagir, avec déjà la réponse appropriée (ou presque, il y a toujours moyen d’analyser après coup la meilleure réponse selon le montant de la relance et/ou son timing mais l’analyse se fait alors sur des facteurs particuliers dans le cadre d’un plan préparé, sans stress).

On gagne au poker en prenant les meilleures décisions. Encore et encore. Et le meilleur moyen d’y arriver est de réduire le stress de chaque prise de décision. D’analyser chaque situation le plus froidement possible : il est très facile d’avoir une analyse correcte d’une main trouvée sur le forum par exemple, alors que, dans le feu de l’action, c’est nettement plus difficile. Si vous voulez éliminer le stress, éliminez la surprise.

Le facteur de surprise le plus courant, et le plus impliquant (en jetons) étant une relance de l’adversaire sur votre mise, vous savez ce qu’il vous reste à faire…
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