http://www.rtl.fr/actualites/article/un-joueur-accro-au-poker-en-ligne-attaque-l-etat-7740594782Un joueur "addict" au poker en ligne attaque l'Etat français pour ne pas l'avoir suffisamment protégé et ne pas l'avoir interdit de salles de jeu, y compris sur Internet, alors que cette demande avait été acceptée. Le ministère de l'Intérieur, qui s'était engagé, à l'été 2010, à interdire cet homme de 37 ans de toute table de jeu, avait en fait continué à lui laisser libre accès aux sites de poker.
Le ministère a, depuis, reconnu son erreur, due à une confusion purement technique.
Le joueur estime que cette erreur a renforcé sa névrose et son addiction, dûment constatées par un expert psychiatre.
Il réclame 100.000 euros de dommages et intérêts. L'audience du joueur contre l'Etat, une première judiciaire, doit se tenir jeudi 15 décembre, devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.
Cela fait dix sept ans que cet homme connaît l'enfer du jeu. Il en a 37 aujourd'hui, et n'a jamais pu se défaire de son addiction. Casinos, loto, paris sur Internet : tout y est passé... Au point d'engloutir régulièrement 50% de son salaire.
Le psychiatre qui l'a examiné parle d'une "pathologie sévère dont il doit être protégé".En juillet 2010, au bord de la ruine, l'intéressé demande donc au ministère de l'Intérieur de l'interdire de salle de jeu. Une mesure qui concerne aussi l'accès à Internet et au poker en ligne, où l'homme investit des fortunes. Demande acceptée. Sauf que, curieusement, le joueur continue d'avoir accès aux sites de poker. Et ne s'en prive pas, irrésistiblement attiré par le jeu. Une "erreur technique", reconnue par le ministère, est à l'origine de cette bévue. "Il a été
enregistré comme habitant de la Haute-Marne et non de la Marne ce qui lui a permis de continuer à jouer", selon Me Emmanuel Ludot, l'avocat du plaignant.
Mais pendant plusieurs mois, l'homme a continué à jouer et à perdre, entrant en conflit avec sa famille. Quant ils s'est retourné contre les sites de poker, il lui a été répondu qu'il n'était pas interdit de table de jeu. Perte financière, préjudice moral et psychologique : son avocat réclame 100.000 euros à l'Etat pour avoir laissé jouer son client.
Ce fichier, tenu par le ministère de l'Intérieur, est l'héritier de celui des interdits de jeu dans les casinos, alimenté en grande majorité par les noms des joueurs qui souhaitent se faire interdire volontairement et pour le reste par les joueurs (triche, problème de comportement ...) qui sont interdits.
Depuis la loi de mai 2010 ouvrant le marché des jeux en ligne à la concurrence, les sites de jeux agréés en France doivent interroger le fichier du ministère de l'Intérieur avant d'autoriser l'inscription d'un joueur.
Ce fichier compte actuellement 36.000 noms, quelque 800 noms en moyenne étant ajoutés ou enlevés chaque mois.